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Jean Bollack [1923-2012]
Philologue, philosophe, critique

 

    

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Jean Bollack est né en 1923 dans une famille juive alsacienne. Il a été formé à Bâle – pendant la seconde guerre mondiale – par l’enseignement de Peter Von der Mühll et initié par lui à la tradition hégémonique de la science allemande, et plus particulièrement de la philologie grecque. Il entra dans la même ville en contact, à travers des écrivains et des artistes vivants, avec la littérature moderne, ce qui l’amena depuis à chercher à lier sa pratique herméneutique à la question de l’actualité des œuvres de la littérature classique. Albert Béguin enseignait également à Bâle. Professeur de littérature française, il était en étroite relation avec les poètes et les écrivains de la résistance française; il accentua l’intérêt particulier que portait J.B.  aux lettres contemporaines, françaises et allemandes, et spécialement à leur portée critique, que l’on considérait peu jusque là. En 1945, J. B. choisit de s’installer à Paris; il s'y est formé dans les domaines des lettres classiques, de la philosophie, de l’allemand, de l’histoire et de l’archéologie, en suivant, entre autres, les cours d’ Etienne Gilson, d’Alexandre Koyré, d’Henri I. Marrou. Agrégé de grammaire, il y a soutenu une thèse d’Etat sous la direction de Pierre Chantraine; il fut, de 1958 à 1992, professeur de littérature et de pensée grecque à l’Université de Lille, où, publiant en allemand et en français, il s’aménagea pour ainsi dire sa propre Allemagne. De 1955 à 1958, il est professeur invité à l’Université Libre de Berlin dans le département de grec; il y professe en 1966, à l’Institut de Littérature générale et comparée un cours sur le pindarisme à l’invitation de Peter Szondi (après la mort de Szondi, il fut chargé de l’édition de ses cours et de ses inédits). Il dirige pendant les années 60 les quelque trente volumes de la collection d’histoire universelle des Editions Fischer. De 1968 à 1975, il enseigne, à l’initiative de Pierre Bourdieu et de Jacques Derrida, à l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm à Paris. Pendant l’année universitaire 1970-1971, il est membre de l’Institute for Advanced Study de Princeton. En 1982-83, il est nommé membre du Wissenschaftskolleg de Berlin. Dans son grand œuvre sur Empédocle (4 vol., 1965-1969), puis dans Œdipe roi de Sophocle (1990), plus tard traduit en allemand par lui-même, avec la collaboration de Renate Schlesier) et dans son Parménide (2006), Jean Bollack a renouvelé sa discipline dans l’espace européen et international; il a introduit véritablement l’étude des  philosophes présocratiques en France, et marqué une coupure complète dans l’histoire de leur compréhension en les réinsérant dans une cosmologie; il a fondé à Lille sa propre école, et formé des chercheurs remarquables (parmi lesquels, Pierre Judet de La Combe, André Laks, Philippe Rousseau, Heinz Wismann). Ses contacts avec le théâtre, la danse (en particulier sa collaboration avec A. Mnouchkine), avec la critique littéraire, la psychanalyse et la sociologie (Pierre Bourdieu fut longtemps un ami et un compagnon de route), son amitié avec des poètes (comme André du Bouchet, André Frénaud, Paul Celan, Pierre Oster) modernisèrent et ennoblirent la philologie, affaiblie en Allemagne, de manière à lui conférer une autorité intellectuelle. S’appuyant sur la méthode de l’herméneutique matérielle, qui utilise le potentiel critique de l’histoire des sciences, il transforme radicalement la recherche sur laquelle en même temps il se fonde, par exemple, dans la germanistique, lorsqu’il travaille sur Paul Celan, à qui il a consacré récemment deux monographies importantes (L’Ecrit, Poésie contre poésie). Dans le domaine de la philosophie antique et de l’histoire des religions, il a lu Parménide non pas tant comme un philosophe, un pré-socratique, considéré pour la fondation de l’ontologie, mais comme un poète et un auteur, situé dans une tradition littéraire contre laquelle il lui arrive de s’insurger. Le point de vue de l’auteur est défendu contre le pouvoir inhérent à la société, qui se l’est asservi dans les idéologies diverses. J. B. en fait son souci principal; grâce à sa philologie, l’identité, quelle qu’elle soit, passe au centre de la réflexion.

 

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